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mercredi, mai 30, 2018

La nouvelle révolution française de l'horlogerie

La plus grande (r)évolution horlogère depuis 1675 ? C'est à un Français, Guy Sémon, et à son équipe qu'on la doit avec la Zenith Defy Lab. Décryptage.

Avec sa nouvelle Defy Lab, dotée d'un oscillateur révolutionnaire, Zenith vient littéralement de bouleverser la façon de concevoir un mouvement horloger. D'autant plus que des révolutions, et même des évolutions, le monde de l'horlogerie n'en vit pas vraiment tous les jours. En dévoilant la nouvelle Defy Lab signée Zenith, tout simplement la montre mécanique la plus précise jamais réalisée, les équipes de R&D de la division montres de LVMH, dirigées par l'imposant petit génie bisontin Guy Sémon, font entrer la conception de mouvements horlogers de plain-pied dans le XXIe siècle.

Cette première mondiale a été dévoilée au Locle, en Suisse, au siège de l'horloger Zenith, le 14 septembre, devant 220 journalistes venus du monde entier. Signe que le sujet dépassait les frontières d'une seule marque horlogère, fût-elle célèbre ou séculaire, cette « keynote » horlogère animée par Aurel Bacs, le plus célèbre des commissaires-priseurs horlogers dans le monde, s'est faite en présence non seulement de Jean-Claude Biver, à la tête de la division montres de LVMH, et de Julien Tornare, nouveau jeune CEO de Zenith, mais aussi de Ricardo Guadalupe, à la tête de de Hublot, et bien sûr de Guy Sémon, également directeur général de TAG Heuer

Il faut dire que le changement est d'importance : pour la première fois depuis trois siècles, on a osé remettre en question l'un des fondements mêmes du fonctionnement, de la régularité et de la précision d'une montre ou d'une horloge : ici, la conception d'un oscillateur ne repose plus sur les théories imaginées au XVIIe siècle par Christian Huygens, mais sur les derniers progrès de la science et de la micro-industrie.

C'est en 1675, il y a plus de trois siècles, que l'astronome, mathématicien et physicien néerlandais a démontré le principe de la régulation du temps au moyen du balancier spiral, une base que l'on retrouve encore dans toutes les montres mécaniques actuelles. « On a inventé un nouvel oscillateur, un nouveau régulateur, s'est exclamé Jean-Claude Biver. Au bout de 42 ans de carrière, heureusement que je n'ai pas pris ma retraite ; je n'aurais pas vu cela : zéro friction, sans huile, insensible au magnétisme, à la chaleur, au froid, et avec la plus haute précision jamais faite, une seconde pour 24 heures, même après 60 heures de réserve de marche  ! »

Ce régulateur révolutionnaire, développé en interne par les jeunes « aigles » réunis autour de Guy Sémon, ne comprend que deux éléments en silicium formant un ensemble monolithique. Il est insensible aux champs magnétiques et aux variations de température à des degrés bien supérieurs aux normes en vigueur. Avec son nouveau calibre ZO 342 de la Defy Lab, l'équipe de R&D de la division montres LVMH a entièrement changé d'angle pour approcher la conception d'un mouvement : désormais, même une montre mécanique peut être conçue en faisant appel à la souplesse des micro-matériaux, aux équations, recherches et méthodes de production de la micro-ingénierie.

Avec la Defy Lab, Zenith introduit un mouvement complètement renouvelé baptisé ZO 342. Sur ce calibre de 32,8 mm de diamètre et 8,13 mm d'épaisseur, l'Oscillateur Zenith de seulement 0,5 mm d'épaisseur est visible sous le cadran. Il est en fait constitué de deux composants en silicium monocristallin, sans liaisons mécaniques, et remplace à lui seul 31 composants habituels. Il bat à une fréquence incroyable de 15 hertz avec une amplitude de +/- 6 degrés et 55 heures de réserve de marche, soit 10 % de plus que celle du mouvement El Primero, star de la maison, malgré une fréquence multipliée par trois. L'absence de couplages élimine les contacts, les frictions, les usures, les déformations, la lubrification, les assemblages et les dispersions. Quant à la roue en silicium remplaçant la roue d'échappement, elle a une forme particulière et son cycle ne correspond pas au fonctionnement classique d'un échappement à ancre suisse.

Côté précision, la Defy Lab surclasse littéralement tous les standards horlogers connus à ce jour. « Dans l'histoire de l'horlogerie, on n'a jamais vu, dans aucun concours de chronométrie, une montre mécanique de série atteindre un tel niveau de précision », explique-t-on chez Zenith. En production de série, l'isochronisme est de +/- 0,5 seconde de 0 à 48 heures. Par comparaison, les meilleurs systèmes conventionnels de série enregistrent une variation de l'ordre de +/- 2 secondes en seulement 24 heures. Au-delà, la précision chute – c'est un phénomène physique. La précision d'un balancier spiral dépend de l'amplitude, ce qui n'est pas le cas avec l'Oscillateur Zenith.

La Defy Lab est une montre au poinçon «  tête de vipère  » certifiée chronomètre par l'Observatoire de Besançon, au nom du Bureau international des poids et mesures. L'Oscillateur Zenith est en passe d'être certifié non magnétique et conforme à des critères élevés concernant les variations de température. La montre répond également aux critères concernant le magnétisme de la norme ISO-764. Elle fait même environ 18 fois mieux (montre complète), ce qui signifie qu'elle résiste à 88 00 ampères par mètre ou 1 100 gauss. Et il n'est pas nécessaire d'avoir recours à un boîtier intérieur pour y parvenir.

Le boîtier de cette Zenith du futur, pour l'instant produite à dix exemplaires achetés par des collectionneurs, mais destinée à la production de masse, est en aeronith, un matériau ultraléger faisant penser à de l'argent martelé. Avec une densité de seulement 1,6 kg/dm3, ce composite d'aluminium est 2,7 fois plus léger que le titane, 1,7 fois plus léger que l'aluminium pur, et même 10 % plus léger que la fibre de carbone.

Quel avenir pour cette innovation horlogère de premier plan  ? D'abord, équiper les pièces signées Zenith, puis celles de ses demi-sœurs horlogères, TAG Heuer et Hublot. Mais « nous avons déjà dans nos labos, notre institut, des machines pour produire 300 oscillateurs en 3 heures », explique Jean-Claude Biver. Un concurrent n'est pas un ennemi. Nous voulons à terme que 80-90 % de ce que nous produisons soit vendu à nos amis, et pas seulement pour nous-mêmes. Ce serait égoïste. »

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Posted by Maurice Lacroix Les Classiques Montre at 2:50 PM
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